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la 2eme guerre mondiale
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13 mars 2006

wake island

Pour un groupe isolé de 400 Marines, avec seulement quelques pièces d'artillerie et une douzaine d'avions, cette petite troupe va néanmoins résister durant deux semaines aux forces d'invasion japonaises.


Wake est située à 5 heures à l'ouest d'Hawaii, à peu près au milieu de nulle part. La soi-disant île est en fait un atoll en forme de V, lui-même composé de trois îlots de corail (Wake proprement dite, le corps du V, Wilkes et Peale, les deux extrémités) reliés par une route, avec un récif entourant un lagon.             

  

            

    A la date du 6 décembre 1941, veille de l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, le statut défensif de Wake était loin d'être idéal. Bien que conçue comme base pour hydravions de reconnaissance Catalina, l'île n'en possédait encore aucun. Et seules les installations les plus primitives étaient déjà en place pour le support des avions. Sans compter que son escadrille, la VMF-211, n'avait que 12 avions F4F Grumman Wildcats et que ses pilotes étaient encore à s'entraîner avec ce modèle nouveau pour eux. Sur l'ensemble de l'atoll, il y avait 449 Marines de tout rang, détachés du 1er Bataillon de défense, équipés et entraînés pour le combat. Les défenses au sol intégraient l'artillerie complète d'un bataillon de défense : elles avaient été installées, protégées par des sacs de sable et camouflées, à force de journées de travail de 12 heures. Cependant, pour manier l'ensemble des canons, 43 officiers et 939 hommes du rang auraient été nécessaires alors que seuls 15 et 373 étaient disponibles. En outre, l'île comptait 1.200 employés de construction civils non armés.

L'annonce de la guerre arriva le 8 décembre 1941 à 7 heures du matin, heure locale. A 11 heures, plusieurs avions surgirent des nuages : il s'agissait de la force d'attaque japonaise, composée de 34 bombardiers Nell kilomètres au sud. La pluie présente masqua leur descente et leur approche, mais l'absence complète de tout avertissement à temps mettait en évidence un des besoins les plus cruciaux pour les défenseurs : la nécessité d'un radar. L'offensive japonaise fut dévastatrice. Utilisant des bombes de 100 livres et des canons de 20 millimètres, l'attaque aérienne avait détruit sept des chasseurs F4F au sol. Le réservoir de carburant reçu un coup direct, explosa et souffla tout alentour. L'escadrille VMF-211 venait de subir 60% de pertes et 84 américains étaient morts ou mourants. Partout dans le Pacifique, c'était le même scénario : à Pearl Harbor, Guam, aux Philippines, en Chine du nord. Dans sa première allocution après le désastre de Pearl Harbor, le Président Roosevelt avait prévenu les américains pour se préparer à l'annonce de la chute de Wake. Avec le gros de la flotte au fond des océans, il ne pouvait être question, pour les jours immédiats, d'une défense navale de Wake. L'île allait devoir compter sur ses seules forces. Le lendemain matin, les bombardiers japonais revinrent, méthodiques presque jusqu'à la faute : l'heure, l'altitude et l'approche étaient inchangés. L'escadrille de défense (du moins, ce qui en restait) les accrocha, et parvint à en descendre un en flammes. Puis, les batteries anti-aériennes ouvrirent le feu : cinq bombardiers dégagèrent de la fumée et un sixième s'enflamma et explosa. Durant les deux jours à venir, les défenseurs allaient détruire deux autres avions et en toucher un certain nombre d'autres qui allaient repartir avec une traînée de fumée derrière eux. Ce deuxième raid toucha durement le camp et la station aéronavale. L'hôpital fût détruit, de même que la radio de la Marine, ainsi que des baraquements, tuant en même temps 55 civils et 4 militaires. Mais, comme la suite des événements allait le démontrer, aussi considérables que pouvaient être les dégâts, ils n'étaient pas suffisants pour permettre un assaut.

L'amiral Inouye, commandant japonais de la 4ème Flotte Impériale, était chargé par les plans d'alors, non seulement de la capture de Wake, mais plus important encore, de celle de Guam, de Makin et de Tarawa. Dans la nuit du 10 décembre, Guam tombait. Et plus tôt dans la même journée, Makin et Tarawa s'étaient rendues. Seule Wake subsistait.
La conduite de cette dernière opération fût confiée au contre-amiral Kajioka. Les forces navales à sa disposition comprenaient son propre croiseur léger, le Yubari, deux autres croiseurs léger
et six destroyers , deux destroyers de transport, deux transports de troupe, et deux sous-marins. Le plan prévoyait de débarquer 150 hommes sur Wilkes, et 300 autres sur la plage sud de Wake pour capturer l'aéroport sous la couverture des canons des navires Le 11 décembre, à 3 heures du matin, les navires ennemis furent repérés par les vigies. A 5 heures, les navires de Kajioka débutèrent leur approche finale. A cause du temps défavorable et d'une mer agitée, les bateaux progressaient lentement et pas de la manière souhaitée ; certaines barges de débarquement étaient même retournées. Peu après, la flotte ouvrît le feu sur la partie sud de Wake. Les batteries côtières, cependant, restèrent silencieuses et cachées derrière un camouflage de broussaille. A 6 heures du matin, lorsque les navires ennemis furent assez près, les Marines commencèrent également à tirer. Alors que les américains venaient de définitivement révéler leurs positions, les tirs de riposte japonais s'avérèrent très imprécis. Une batterie envoya deux obus sur le Yubari au niveau de la ligne d'eau, et deux autres touchèrent son arrière. Gravement touché, le Yubari se retira au-delà de l'horizon. Le tir d'une autre batterie causa une violente explosion sur le destroyer Hayate : il se brisa en deux et coula. Le Oite était la cible suivante et reçu un coup direct : le navire lança alors un écran de fumée et s'esquiva tant bien que mal. Les artilleurs reportèrent leur tir sur les transports de troupe Kongo Maru et Konryu Maru : un obus toucha le navire de tête, provoquant la fuite des deux. Un autre croiseur, à l'extrémité ouest de l'île reçu un obus à la poupe et se déplaça pour être hors de portée. Enfin, le destroyer Yayoi accusa un coup dans sa poupe où un incendie se déclara. Kajioka ordonna alors une retraite.

Cependant, la flotte n'avait pas de couverture aérienne, et les Wildcats subsistants la retrouvèrent à moins d'une heure de Wake. Le destroyer Kisaragi, souffrant déjà d'un coup préalable, explosa sous les bombes, et un autre destroyer subit de grands dommages. La défaite japonaise était totale : deux navires coulé, sept  endommagés, et probablement environ 500 japonais périrent alors que seulement quatre Marines étaient blessés.

L'ennemi conserva une pression aérienne sur l'atoll. Jour après jour, les bombardiers Nell basés à terre attaquèrent, désormais couverts par des chasseurs Zéro et épaulés par des hydravions Mavis utilisés comme bombardiers, puis bientôt par des bombardiers en piqué Val depuis les porte-avions Soryu et Hiryu. Les avions s'attaquèrent méthodiquement aux positions de défense et aux batteries américaines.             

    Pendant ce temps, à Pearl Harbor, une expédition de secours était prête à appareiller. Les secours à proprement parler consistaient dans le cargo Tangier et le pétrolier Neches : leur mission était d'apporter munitions et renforts ainsi que de nouveaux avions, et de ramener les blessés et une partie des civils à Pearl Harbor. L'expédition devait être protégée des attaques aérienne, de surface ou sous-marine par le groupe du Saratoga. Ce dernier comprenait le porte-avions du même nom, trois croiseurs lourd et neuf destroyers. Mais la progression du groupe était considérablement réduite, la vitesse maximum de son élément le plus lent, le vieux Neches, étant de 12 noeuds.
Le 21 décembre, des renseignements parvinrent à Pearl Harbor, indiquant une importante concentration de forces aériennes basées dans les îles Marshalls, et la possibilité que le groupe du Saratoga rencontre des éléments de surface durant son approche de Wake. Sommé de choisir entre la retraite ou le renforcement de Wake, l'amiral Pye, agissant en tant que chef suprême de la Flotte du Pacifique, décida finalement que le risque était trop grand. Au regard des pertes subies à Pearl Harbor, il ne pouvait prendre le risque de perdre un porte-avions ou un autre navire capital. Finalement, la flotte de renfort fût rappelée .
            

            

    Du côté japonais, les mêmes difficultés que pour la première tentatives étaient prévisibles, mais le haut commandement conserva presque inchangées les bases du schéma d'attaque. Le nouveau plan était, au fond, surtout une version amplifiée par ses moyens de l'originale qui avait échouée. Les navires coulés furent remplacés par deux nouveaux destroyers , en plus d'un autre ajouté, le Oboro. En complément, deux porte-avions , suivi des croiseurs lourds Tone et Chikuma et des destroyers Tanikaze et Urakaze, fûrent détachés de la force d'assaut sur Pearl Harbor pour être dirigés sur Wake. L'amiral Isoroku Yamamoto, le commandant en chef de la Flotte combinée, était désormais convaincu que Wake, au contraire d'autres objectifs du centre du Pacifique, était une pierre d'achoppement majeure. Pour laisser le moins possible d'opportunité aux batteries côtières, le débarquement initial fût prévu pour avoir lieu dans l'obscurité, bien avant l'aube. Et pour renforcer la surprise, il n'y aurait pas de bombardement naval préliminaire.

            

    Les Marines repérèrent la force japonaise le 23 décembre à 2 heures du matin. A ce moment, les 1.000 hommes de l'infanterie de marine japonaise étaient déjà en train de prendre place dans les barges de débarquement : deux se dirigèrent vers Wilkes et les autres vers la côte sud de Wake.

            


               Sur l'île de Wilkes : à 2 heures 45, la compagnie japonaise comprenant environ 100 hommes débarqua sur la plage, sous le feu nourri de mitrailleuses dans le terrain au-dessus. La petite garnison de Marines sur l'ensemble de Wilkes était de 70 hommes environ. Très rapidement, les japonais s'emparèrent de la position de la batterie la plus proche, puis entamèrent un mouvement vers l'ouest pour capturer la seconde batterie. Cela sera tout ce que les japonais parviendront à faire ici. La progression s'avéra vite impossible, le feu de mitrailleuses camouflées les clouant au sol. Vers 4 heures, la situation était stabilisée. Les japonais tenaient solidement la position de la première batterie, mais entourés par les Marines qui leur empêchaient toute extension de la tête de pont. Les deux groupes présents de Marines groupèrent alors leurs forces et tentèrent de reprendre la position perdue. Après la réussite de l'assaut, les pertes japonaises s'avéraient horribles : ils avaient au total perdu 4 officiers et 90 hommes. Alors que du côté américain, 9 Marines et 2 travailleurs civils avaient été tués. Mais la ligne de communication avec le poste de commandement était coupée, et cela va induire le Major Devereux en erreur, lui laissant croire que Wilkes venait de tomber aux mains des japonais. Autour de 8 heures du matin, après que leurs forces aient été totalement repoussées, les japonais poursuivirent par un bombardement aérien et naval, jusqu'à finalement parvenir à détruire ces fameuses batteries côtières.

            


                 Sur l'île de Wake : pendant ce temps, vers la côte sud de Wake, les navires de patrouille foncèrent délibérément vers le rivage pour s'échouer à une des extrémités de l'aéroport. Alors que les compagnies japonaises dévalaient des bords, le Lieutenant Hanna et ses équipiers tirèrent avec un canon de 3 pouces dans la coque du navire qui explosa immédiatement. Aidés par la lumière du navire en flammes, Hanna et ses hommes reportèrent leur feu sur l'autre navire, qui fût à son tour sévèrement touché. Néanmoins, durant cette résistance, deux autres barges de débarquement réussissait à atteindre le récif, un peu à l'est du canal pour Wilkes : la force japonaise, d'environ 100 hommes, prenait rapidement position sur le rivage avant d'infiltrer la zone de broussailles devant eux. Peu après, une nouvelle force de débarquement s'essaya près des destroyers échoués. Quelques instants plus tard, le détachement américain conservait toujours sa position au sud de l'aéroport, mais était désormais cerné par les renforts japonais qui tentèrent plusieurs assauts.les porte avions lancèrent alors leurs avions en soutien des troupes au sol. A 7 heures 15, les bombardiers en piqué parvenaient au-dessus de l'île et éventraient les positions défensives restantes. Avec son poste de commandement sous le feu ennemi, persuadé de la perte de l'île de Wilkes, et au vu de l'écrasante supériorité aérienne ennemie, le Major Devereux leva le drapeau blanc. La garnison, dispersée et épuisée, se rendait aux japonais.

            

Épilogue

            

    Quatre-vingt-un Marines, huit marins, et 82 travailleurs civils furent tués durant la bataille. Les japonais, cependant, payèrent chèrement leur victoire.  les estimations suivantes peuvent être faites : 21 avions détruits et 51 endommagés, 3 navires détruits ou coulés et 8 endommagés, plus de 1.000 hommes tués ou disparus. Au regard de la puissance accumulée pour l'invasion et des maigres forces des défenseurs, il s'agit d'une des batailles les plus humiliantes que la Flotte japonaise ait eue à subir. Enfin, la résistance de Wake avait ralenti la progression de la campagne japonaise prévue pour la conquête du Pacifique
    Enragés par leurs pertes, les japonais traitèrent brutalement les prisonniers militaires.
Durant le reste du conflit, Wake fut la cible de raids aériens américains, le premier en février 1942. Le raid d'octobre 1943, cependant, eut des répercussions fatales pour les prisonniers sur place. Le commandant japonais de l'atoll, craignant que ces raids soient précurseurs d'un important débarquement et que ces civils se transforment en cinquième colonne, les fit tous exécuter. , il fût condamné comme criminel de guerre
Wake ne fut pas reprise durant la guerre. Aucun débarquement sanglant ne fût tenté, car la supériorité aérienne américaine et leur contrôle des mers ne rendait plus l'île nécessaire. Les américains retrouvèrent Wake après la capitulation japonaise en 1945
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